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3e. Histoire des Arts et Première Guerre mondiale

audelassalle

La Guerre d'Otto Dix en situation :



Artiste : Otto Dix (Allemagne) Œuvre : La Guerre Date : 1929-1932 Technique et matériaux : triptyque avec prédelle, tempera sur bois Dimensions : panneau central 204x204 cm ; panneaux latéraux : 204x102 cm chacun. Mouvement artistique : Nouvelle Objectivité Lieu de conservation : Gemäldegalerie Neue Meister à Dresde

L’organisation des panneaux

L'oeuvre est composée de 4 parties : trois panneaux forment un triptyque (un panneau central, deux panneaux latéraux) et une prédelle (panneau situé en bas). Elle se lit de gauche à droite, c’est donc comme cela que nous allons la décrire :

- panneau de gauche : une troupe de soldats de dos, en rang ; ils partent au front, dans la brume. - panneau central qui compte trois personnages principaux 1er plan : tranchée transformée en un charnier humain de boyaux disséminés sur toute la largeur du panneau. A droite, un cadavre la tête en bas et les jambes en l’air. 2e plan : un soldat isolé, équipé d’un masque à gaz, a survécu à l’assaut, il est tourné vers la tranchée. arrière-plan : c’est un champ de ruines, dévasté par les obus en haut : un squelette est suspendu à une poutre métallique ; il porte un linge grisâtre et en lambeaux. Il pointe du doigt les cadavres. - panneau de droite : 1er plan : au sol gisent des cadavres ; un soldat équipé d’un masque à gaz rampe au sol, tandis qu’un soldat transporte un blessé. Arrière-plan : ciel en feu. - prédelle : abri pour des soldats au repos ? caveau de soldats morts ? On ne sait pas. Des rats.

Lumière et couleurs du tableau Couleurs : bruns, noirs, marrons, ocres, oranges pâles, gris, blanc, donc un nombre limité de couleurs. Couleurs du sang, des cendres, du feu, qui ôtent l’impression de vie et insistent sur la destruction et la mort.

Sur le triptyque : une lumière blafarde éclaire les trois panneaux : coin supérieur gauche de la partie centrale ; les trois panneaux sont éclairés. A gauche, la lumière en valeur les soldats qui partent vers le front. Au centre, elle met en valeur deux cadavres. A droite, elle tombe sur les survivants, qui sont comme des fantômes. Panneau central : 1er plan bien plus sombre que l’arrière-plan. Panneau de droite : c’est le contraire.

La composition La composition donne au spectateur un sens de « lecture ». De gauche à droite, puis la prédelle : c’est comme un cercle pour l’œil. C'est un récit de ce qu’est la guerre des tranchées pour les soldats : - gauche : départ pour le front de soldats (qui nous font entrer dans la toile) - centre : la mort et la destruction, une vision d’horreur, dans laquelle le seul survivant semble passif et déshumanisé - droite : les survivants et les blessés quittent le champ de bataille (il n’y en a que trois, alors que toute une troupe partaient se battre à gauche) ; marque d’humanité et de fraternité après l’horreur du panneau central. - prédelle : représente le repos des soldats après la bataille ou la mort

En même temps, idée d’un cercle vicieux : on repart à gauche pour reprendre le même chemin, infernal, celui du front, et donc de la mort inévitable. C’est ce que semble montrer et dire le cadavre du panneau central, qui pointe la mort d’un doigt raidi, comme si c’était un passage obligé pour les soldats. Otto Dix représente en quelque sorte un cauchemar. Il montre aussi la violence qui s’exerce dans les tranchées : le corps du personnage de droite sur le panneau central est littéralement criblé de balles.

Lignes de force du tableau Malgré cette composition en panneaux qui fournit un sens de lecture, l’organisation de la peinture est chaotique. Les lignes qui organisent le tableau ne permettent pas de trouver le point de fuite : c’est une façon de représenter le chaos et le désordre lié à la guerre, qui interdit tout repère (tout est détruit). Le panneau central est un amoncellement de corps, de boyaux, de débris, et le ciel est globalement inquiétant (tourbillons). Seule la prédelle contraste avec cette atmosphère de destruction.

Les références aux triptyques du Moyen Age et de la Renaissance - référence à la composition des tableaux - façon de peindre les jambes criblées de balles du cadavre du panneau central rappelle le retable d'Issenheim - cependant, dans les tableaux religieux, l'espace du ciel est souvent réservé à des images divines, des anges. Ici, occupation de l’espace par un cadavre.

Pourquoi un soldat seul, avec son masque à gaz ? - idée d’isolement, mais aussi de déshumanisation

Le contexte historique Cette peinture est réalisée en Allemagne sous la République de Weimar, une dizaine d’années après la fin de la Première Guerre mondiale.

Une tendance artistique : la Nouvelle Objectivité La « Nouvelle Objectivité » est un mouvement artistique allemand, qui naît au début des années 1920. Les artistes de ce courant (Otto Dix, George Grosz, Max Beckmann) veulent représenter la société telle qu’elle est : « Nous voulons les choses toutes nues, nous les voulons très claires, presque sans art. » (Otto Dix). Ils proposent des œuvres réalistes, fortement engagées pour dénoncer la société d’après-guerre et en opposition aux courants artistiques précédents (comme l’expressionnisme). Ils ont souvent une vision désabusée de la société. Otto Dix (1891-1969), engagé comme soldat et comme peintre En août 1914, Otto Dix s’engage volontairement comme soldat dans les troupes allemandes. En 1915, il rejoint le front en France, où il fait l’expérience de la guerre des tranchées. Il est ensuite envoyé sur le front russe. Blessé par un éclat de grenade, plusieurs fois décoré, il a fait ce qu’on appelle « une belle guerre ». Sa peinture se fonde donc sur une expérience longue des combats. Il dessine beaucoup sur le champ de bataille et aucun artiste n’a consacré plus de temps ni d’efforts à peindre la Grande Guerre, pendant et après le conflit. Après la guerre, il a appartenu à différents courants artistiques, comme l’expressionnisme. Cependant, il se détache de ce courant pour fonder « la Nouvelle Objectivité ». Selon lui, pour représenter les dérives d’après-guerre et la sauvagerie de la guerre, il faut adopter un style réaliste.

La Guerre d’Otto Dix, une œuvre engagée

La Guerre est une œuvre engagée pour montrer l’horreur de la guerre. *le format et la technique : cette peinture fait nettement référence par son format et sa technique à des œuvres de la Renaissance allemande (XVIe siècle). C’est un triptyque, une œuvre peinte sur trois panneaux. Au Moyen Age et à la Renaissance, les artistes peignaient des retables sous forme de tryptiques, pour les églises. Les retables étaient posés sur l’autel, leurs panneaux s’ouvraient et se refermaient, ils étaient peints sur plusieurs faces et comportaient des sujets religieux, comme la crucifixion du Christ. Pour la technique, Otto Dix est allé travailler en Italie afin de maîtriser les techniques des peintres de la Renaissance, notamment la peinture a tempera sur bois (à l’œuf). Ceci lui a permis de produire une peinture très lisse, où le pinceau de l’artiste est invisible. Pour Dix, le but de cette technique est de faire oublier le peintre, son geste et ses émotions, afin de produire une peinture « objective », proche de la réalité.

*le sujet et l’effet recherché : Dix peint la brutalité du conflit et la sauvagerie subie par les soldats, afin de dénoncer la guerre et ses conséquences. Dix ans après la fin du conflit, cet engagement contre la barbarie de la guerre est encore très fort. Il peint aussi en réaction à certains discours qui soulignent la beauté de la guerre. Il s’agit de susciter l’horreur, le dégoût, l’effroi. Dix a été persécuté par les Nazis à partir de 1933. Conseils : à l’oral, pensez à utiliser le tableau et les feutres, pour montrer, tracer des éléments sur l’œuvre que vous étudiez. Pour aller plus loin : La bande dessinée C'était la Guerre de Jacques Tardi (je peux vous donner des conseils si vous choisissez ce sujet)



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